Par: Victor Hugo

Je ne songeais pas à Rose ;
Rose au bois vint avec moi ;
Nous parlions de quelque chose,
Mais je ne sais plus de quoi
J’étais froid comme les marbres ;
Je marchais à pas distraits ;
Je parlais des fleurs, des arbres
Son oeil semblait dire: ” Après ? “
La rosée offrait ses perles,
Le taillis ses parasols ;
J’allais ; j’écoutais les merles,
Et Rose les rossignols.
Moi, seize ans, et l’air morose ;
Elle, vingt ; ses yeux brillaient.
Les rossignols chantaient Rose
Et les merles me sifflaient.
Rose, droite sur ses hanches,
Leva son beau bras tremblant
Pour prendre une mûre aux branches
Je ne vis pas son bras blanc.
Une eau courait, fraîche et creuse,
Sur les mousses de velours ;
Et la nature amoureuse
Dormait dans les grands bois sourds.
Rose défit sa chaussure,
Et mit, d’un air ingénu,
Son petit pied dans l’eau pure
Je ne vis pas son pied nu.
Je ne savais que lui dire ;
Je la suivais dans le bois,
La voyant parfois sourire
Et soupirer quelquefois.
Je ne vis qu’elle était belle
Qu’en sortant des grands bois sourds.
” Soit ; n’y pensons plus ! ” dit-elle.
Depuis, j’y pense toujours.
Paris, Juin 1831
青春岁月的老歌
- 【法】 Victor Hugo
- 译:枫居散人
我不曾想过玫瑰
在林中与我同行的玫瑰
我们说起过什么
但我已想不起
我如大理石般冷峻
我在林中漫步,心猿意马
我说起花和树木
她的眼睛似乎在问:然后呢?
露水如珠
灌木张开了它的遮阳伞
我走在林中,耳边是乌鸦的聒噪
而玫瑰,听着夜莺的歌唱
我,16岁,鲜如玫瑰
她,芳龄20,明眸如珠
夜莺对着玫瑰歌唱
乌鸦冲着我聒噪
玫瑰,身姿婀娜
她抬起微颤的玉臂
采摘枝上的黑莓
花丛淹没了她的玉臂
水流过,清凉而空灵
流淌过丝滑的青苔
坠入爱河的大自然
在寂静的大森林中酣睡
玫瑰褪去鞋子
神态纯真
纤足浸入清水
淹没了她裸露的玉足
我只能对她说:
我要在林中追逐她
看她的笑容不时闪现
还有她的叹息
我眼中只有她的丽影
当从沉寂的大森林时出来
“就这样吧,让我们把这一切忘记”
她说
从那以后
她就一直萦绕在我心。
1831年6月于巴黎